Bayán
Le Bayán (persan: بیان) est l'une des oeuvres majeures du Báb, qu'il commença à rédiger alors qu'il était prisonnier dans la forteresse de Máh-kú (1847-1848). Il rédigea un ouvrage en persan (Bayán persan) et un autre plus petit en arabe (Bayán arabe), qui furent tous les deux traduits en français par A.L.M. Nicolas, le premier babi occidental, et publiés à Paris avant la première guerre mondiale.
Le Bayán est difficilement traduisible et apparaît souvent abscons pour quiconque n'est pas familier des dogmes et de la culture du chiisme duodécimain. On peut essayer de classer son contenu selon 4 grands thèmes :
- les arguments visant à prouver que le Báb est bien l' Imám Mihdí, (Qa'im) attendu par les chiites à la "fin des temps".
- des explications (taw'il) de la signification des versets "ambigus" du Coran et des allusions au "Jour du Jugement". On peut lire, dans les versets 16-19 de la sourate coranique 75 intitulée "al Qiyamat" (la Résurrection), qu'après avoir fait descendre la "récitation" (al-Qur'án) Dieu se chargera de son explication (al-Bayán).
- la révélation d'un code de lois destiné à remplacer la chari'ah islamique pour régénérer la société persane.
- l'annonce de la venue de "Celui que Dieu rendra manifeste" (Man yuẓhiruhu'lláh, arabe: من یظهر الله , perse: مظهر کلّیه الهی ), qui révélera au jour de la seconde résurrection un Livre saint et des lois remplaçant le Bayán.
Le plan du Bayan comprend 19 "unités" (Vaḥíd) de 19 chapitres ("portes", Abváb), soit en tout 361 sections (Kullu Shay' = "totalité"), car ces nombres ont une valeur hautement symbolique dans le Babisme. Mais le Báb n'acheva pas son ouvrage, car le Bayán arabe ne contient que 11 "unités", alors que le Bayán persan ne contient que 9 unités et 10 chapitres. On pense que cela fut intentionnel pour que quelqu'un d'autre puisse en achever la rédaction.
Deux personnes prétendirent au droit de compléter le Bayán : Mírzá Yaḥyá Núrí (1831-1912), surnommé Ṣubḥ-i-Azal ("Matin d'Eternité"), que le Báb désigna comme chef des babis jusqu'à ce qu'apparaisse "Celui que Dieu rendra manifeste", et son demi-frère Mírzá Ḥusayn 'Alí Núrí (1817-1892), surnommé Bahá'u'lláh ("Gloire de Dieu"), qui déclara être "Celui que Dieu rendra manifeste" annoncé par le Báb. Ṣubḥ-i-Azal rédigea le Mutámmim Al-Bayán, qui complète le Bayán persan jusqu'à 11 "unités" pour qu'il égale le Bayán arabe, tandis que Bahá'u'lláh rédigea le "Livre de la Certitude" (Kitáb-i-Íqán), considéré par les baha'is comme l'achèvement du Bayán.