Jeûne
Le Jeûne (صَوم ṣawm) est l'un des rites majeurs de la Foi bahá’íe, prescrit par Bahá’u’lláh dans le "Livre le Plus Saint" (Kitáb-i-Aqdas)[1]. Avec la Prière "obligatoire" (Ṣalát), ils constituent les deux lois indispensables à la vie de l'âme, comme l'air et l'eau sont indispensables à la vie du corps ! Négliger ces obligations entrave le développement spirituel, car elles sont comme des ailes pour s'élever vers Dieu selon Bahá'u'lláh :
"En vérité, nous avons tout exposé dans notre Livre, en signe de grâce pour ceux qui croient en Dieu, le Tout-Puissant, le Protecteur, l'Absolu. Et nous avons ordonné la prière prescrite et le jeûne afin que tous puissent par ces moyens se rapprocher de Dieu, le Tout-Puissant, le Bien-Aimé. Nous avons mis ces deux lois par écrit et nous avons expliqué chaque décret irrévocable. Nous avons interdit aux hommes de suivre ce qui peut les faire dévier de la Vérité et nous leur avons commandé d'observer ce qui les rapprochera du Tout-Puissant, Celui qui aime. Dis : observez les commandements de Dieu par amour de sa beauté et ne soyez pas de ceux qui marchent sur les pas des misérables et des insensés. (...) Celui qui n'accomplit ni bonnes actions ni actes de dévotion est comme un arbre qui ne porte pas de fruits, comme une action qui ne laisse pas de trace. Mais celui qui expérimente l'extase sacrée de l'adoration refusera d'échanger cette dernière ou toute autre louange à Dieu contre tout ce qui existe sur terre. Le jeûne et la prière prescrite sont les ailes de la vie humaine. Heureux qui s'élève, grâce à eux, jusqu'au ciel de l'amour de Dieu, le Seigneur de tous les mondes. (...) Soyez fermement attachés à la prière prescrite et au jeûne. La religion de Dieu est comme le ciel ; le jeûne en est le soleil et la prière prescrite, la lune. En vérité, ce sont les piliers de la religion par lesquels le juste est distingué du transgresseur. Nous prions Dieu, exalté et glorifié soit-il, de permettre généreusement à tous d'observer ce qu'il révéla dans son livre ancien. (...) Ne négligez pas la prière prescrite et le jeûne. Celui qui ne les observe pas n'est pas et ne sera jamais digne d'être accepté aux yeux de Dieu. Suivez la sagesse en toute circonstance. Certes, il ordonne à tous d'observer ce qui leur est et leur sera profitable. Il est, en vérité, Celui qui suffit, le Très-Haut."[2]
Signification
Pour les baha'is, le jeûne est surtout une période de méditation et de prière, durant laquelle ils s'efforcent de réorganiser leur vie et de régénérer leur énergie spirituelle. Sa signification et son but sont avant tout spirituels et des entorses involontaires aux règles du jeûne ne l'annulent pas. ’Abdu’l-Bahá dit[3] :
"Le jeûne est un symbole. Jeûner signifie s'abstenir de tout désir. Le jeûne physique est le symbole de cette abstinence, c'est un rappel; tandis que l'on refrène l'appétit physique, il faut s'abstenir des convoitises personnelles et des désirs égoïstes. Mais se passer uniquement de nourriture n'a aucun effet sur l'esprit. C'est uniquement un symbole, un rappel. Autrement, cela n'a aucune importance. Jeûner pour atteindre le détachement ne signifie pas s'abstenir entièrement de nourriture. La règle d'or est: ni trop ni trop peu. La modération est nécessaire. Il existe une secte aux Indes dont les membres pratiquent l'abstinence à l'extrême, réduisant graduellement leur nourriture jusqu'à pouvoir s'en passer presque complètement. Mais leur intelligence en souffre. Un homme n'est pas capable de servir Dieu efficacement, tant matériellement que spirituellement, s'il est affaibli par le manque de nourriture. Il ne possède pas toute sa lucidité."
Règles pratiques
La période du jeûne dure tous les ans 19 jours et coïncide avec le dernier mois de l'année baha'ie nommé "élévation, sublimité" ( علاء = 'Alá' ), du 2 au 20 mars inclus. Selon la prescription du Kitáb-i-Aqdas, elle est précédée par les jours de fête du Ayyám-i-Há' (ايام الهاء) et suivie par la fête du Nouvel An baha'i célébrant l'équinoxe de printemps (Naw-Rúz, le 21 mars). Durant ce jeûne, les baha'is s'abstiennent de manger, de boire et de fumer du lever au coucher du soleil, qu'il est permis de déterminer à l'aide d'horloges.
Ce jeûne ne concerne que les adultes en pleine santé. En sont exemptés :
- les personnes âgées de moins de 15 ans ou de plus de 70 ans.
- les malades.
- les femmes au cours des menstruations, de la grossesse ou de l'allaitement.
- les voyageurs.
- les travailleurs de force.
Aucun rattrapage ni aucune compensation ne sont prévus pour ceux qui sont exemptés, mais il leur est précisé "qu'il est louable et convenable de manger frugalement et en privé".
Comme le mois "Elévation" s'achève à l'équinoxe de printemps, le jeûne a toujours lieu à la même saison (au printemps dans l'hémisphère nord et en automne dans l'hémisphère sud), sans excès de froid ni de chaleur préjudiciables, et lorsque la durée du jour et de la nuit sont à peu près équivalentes sur toute la terre.
Bibliographie
- "Livre le Plus Saint" (Kitáb-i-Aqdas, écrit en arabe par Bahá’u’lláh à Saint-Jean-d'Acre vers 1873), édité en français par la "Maison d'éditions baha'ies" (Bruxelles 1996), ISBN 2-87-203-038-7
- "Le jeûne baha'i", Compilation des écrits baha'is sur le jeûne, réalisée par Lucrèce Reynaud, approuvée par l'Assemblée Spirituelle Nationale des Baha'is de France et éditée par la Librairie Baha'ie (Paris, février 1996).
- Compilation des écrits baha'is sur "L’importance de la Prière prescrite et du Jeûne", réalisée par le département de la recherche de la Maison Universelle de Justice.
- "Bahá'u'lláh et l’ère nouvelle", écrit par J.E. Esslemont et édité par la Maison d’éditions baha’ies (Bruxelles, 6° édition révisée, 1990), ISBN 2872300220
Notes
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, versets 10/16/17, questions 20/36/71/74/75/76/93, notes 13/14/17/20/25/26/27/30/31/32
- ↑ Citations de Bahá'u'lláh, tirées des paragraphes 1, 3, 4 et 6 de la compilation des écrits baha'is intitulée "Importance de la prière prescrite et du jeûne"
- ↑ "Bahá'u'lláh et l'ère nouvelle" 11/8, cité par Miss E.S. Stevens dans Fortnightly Review, juin 1911