Huqúqu'lláh
Huqúqu'lláh (le "Droit de Dieu", en arabe : حقوق الله), parfois aussi appelé "Loi du Huqúq", est une loi socio-économique et spirituelle révélée dans le Kitáb-i-Aqdas (le Livre le Plus Saint, le livre des lois de la Foi bahá’íe)[1]. Pour les baha'is, c'est une loi majeure et une institution sacrée, destinée à permettre d'établir les fondations et d'édifier la structure de l'Ordre mondial de Bahá'u'lláh par une source de revenu régulière et systématique[2]. Il consiste au paiement volontaire d’une taxe de 19% sur les biens en excès de ce qui est nécessaire pour vivre confortablement, et après avoir payé ses dettes. L’argent est actuellement versé à la Maison Universelle de Justice, directement ou par l'intermédiaire de collecteurs spécialement désignés par elle dans chaque pays.
Calcul
Le paiement du Huqúqu'lláh est basé sur le calcul de la valeur des bien d’un individu (argent, bijoux, dons reçus, propriétés, revenus, etc...) après déduction des dépenses nécessaires à la vie quotidienne[3] et le paiement des dettes[4]. Si l’excédent atteint la valeur de 19 mithqál d’or[5], c’est une "obligation spirituelle" pour un baha’i que de payer, une fois pour toutes, une taxe équivalent à 19% de la valeur de l’excédent. Ensuite, il faut attendre que les biens de cette personne augmentent d’au moins la même valeur de 19 mithqáls d’or pour qu’elle doive encore payer le Huqúqu'lláh sur ce nouvel enrichissement.
Certaines catégories de biens sont exemptés du paiement du Huqúqu'lláh, comme la résidence principale et son mobilier courant[6], les équipements professionnels[7], etc… Bahá'u'lláh a laissé à l’appréciation des individus ce qui est "nécessaire" ou non à leur vie quotidienne[8], ainsi que le moment opportun pour s'acquitter de leur obligation[9]. Des directives spécifiques sont prévues en cas de perte financière, de baisse de rendement d’investissements[10], ou de décès[11].
Versement
Durant la vie de Bahá’u’lláh (1817-1892), les offrandes lui étaient directement versées et après son décès, elle le furent à `Abdu'l-Bahá (1844-1921). Dans ses "Volontés et Testament", ‘Abdu’l-Bahá indiqua que le Huqúqu'lláh devait être offert "par l'intermédiaire du Gardien de la Cause de Dieu" (Valí Amr'ulláh)[12]. Comme il n’y a plus de Gardien vivant depuis la disparition de Shoghi Effendi (1897-1957), il est offert par l'intermédiaire de la Maison Universelle de Justice, représentant la "Tête de la Foi". L’utilisation de ces fonds est déterminée par la Maison Universelle de Justice, pour promouvoir la Foi de Dieu et ses intérêts, ainsi que pour divers buts charitables ou philanthropiques[13].
Le versement du Huqúqu'lláh se fait aussi par l'intermédiaire de "collecteurs" de confiance, spécialement appointés dans chaque pays par la Maison Universelle de Justice[14]. C'est Bahá'u'lláh qui créa la fonction du "dépositaire du Huqúqu'lláh" en nommant Jináb-i-Ḥájí-Sháh Muḥammad de Manshád (Yazd), surnommé par lui Amínu'l-Bayán (le "dépositaire du Bayán"). C'est lui qui fut chargé de collecter les dons des croyants persans et de veiller sur les saintes reliques du Báb. Il fut secondé dans sa tâche de "dépositaire" par Jináb-i-Ḥájí Abu'l-Ḥasan, qui lui succéda à son décès. Au cours de sa longue vie, il connut les 11 dernières années du ministère de Bahá'u'lláh, les 29 années du ministère de `Abdu'l-Bahá, et les 7 premières années du ministère de Shoghi Effendi, qui lui décerna le titre de "Main de la Cause de Dieu" à titre posthume. Son assitant Jináb-i-Ghulám Riḍá lui succéda en 1928 comme troisième "dépositaire" et exerça cette fonction jusqu'à sa mort en 1938. Le quatrième "dépositaire" Jináb-i-Valíyu’lláh Varqá fut nommé par le "Gardien", qui l'éleva au rang de "Main de la Cause" en 1951. Pour le seconder dans l'expansion fulgurante de la Foi baha'ie à cette époque, il dut nommer des représentants et des délégués dans de nombreux pays en dehors de l'Iran, et ce réseau continua de fonctionner après sa mort en 1955[15].
Notes
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, verset 97, questions 8/44-45/89-90 et note125
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh : historique et codification", p.10
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh ou le Droit de Dieu", paragraphes 65/66/69/78/103
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh ou le Droit de Dieu", paragraphe 22
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, note 78 : Un mithqál est une unité de poids. Le poids du mithqál traditionnel utilisé au Moyen-Orient équivaut à vingt-quatre nakhud. Cependant, le mithqál utilisé par les bahá'ís consiste en dix-neuf nakhud, "en accord avec la stipulation du Bayán" (Q&R 23). Le poids de neuf de ces mithqál équivaut à 32,775 grammes ou 1,05374 onces troy. En ce qui concerne le Huqúqu'lláh, 19 mithqál d’or pèsent en gros 69.2g et valent environ 1315€ au 03-07-2008
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, questions 8/42
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, question 95
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh ou le Droit de Dieu", paragraphes 104/105/106/112
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh ou le Droit de Dieu", paragraphe 103
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, question 102
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, questions 9/69/80 et note 47
- ↑ Kitáb-i-Aqdas, note 125
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh ou le Droit de Dieu", paragraphes 62/65/75/77/78
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh ou le Droit de Dieu", paragraphes 35/56/58
- ↑ Compilation "Huqúqu'lláh : historique et codification", pp.4-9