Celui que Dieu rendra manifeste
Man yuẓhiruhu'lláh (arabe : من یظهر الله , perse: مظهر کلّیه الهی ), signifie "Celui que Dieu rendra manifeste" et désigne une "Manifestation de Dieu" (maẓhar-i-ilahí), dont le Báb (1819-1850) annonce la venue après lui dans ses écrits.
Ce sera un être si glorieux, que le Báb lui-même affirme ne pas pouvoir décrire convenablement ses qualités : "De tous les hommages que j'ai rendus à celui qui doit venir après moi, en voici le plus grand: mon aveu écrit qu'aucune de mes paroles ne peut le décrire adéquatement, et qu'aucune référence à lui dans mon livre, le Bayán, ne peut rendre justice à sa cause."
Le Livre saint et les lois révélés par le Báb seront alors remplacés par le Livre saint et les lois révélées par "Celui que Dieu rendra manifeste" au second "Jour de la Résurrection"[1].
Dans ses écrits, le Báb fait allusion à l'importance des "neuvième" (1269 ap.H.) et "dix-neuvième" (1279 ap.H.) années après la naissance du Babisme en 1844 (1260 ap.H.), ainsi qu'aux limites temporelles indiquées sous le nom de Ghiyáth ( غیاث ) et Mustagháth ( مستغاث ), dont la valeur selon la Numération Abjad sont respectivement de 1511 et de 2001[2].

"Dans l'année neuf", a-t-Il [le Báb] écrit de manière explicite, faisant allusion à la date de l'avènement de la Révélation promise, "vous atteindrez au bien suprême". "Dans l'année neuf, vous arriverez à la présence de Dieu." Et plus loin : "Après Hín (dont la valeur numérique est 68), une Cause vous sera révélée que vous serez amenés à connaître." Il a déclaré plus particulièrement : "Ce n'est qu'après l'expiration de neuf années après la naissance de cette Cause que les réalités des choses créées seront rendues manifestes. Tout ce que tu as vu jusqu'ici n'est que la phase qui commence avec le germe humide et continue jusqu'à ce que Nous l'ayons revêtu de chair. Sois patient jusqu'à ce que tu contemples une nouvelle création. Dis : Que Dieu, le Créateur parfait par excellence, en soit béni." "Attends", déclare-t-il à ‘Aẓím, "jusqu'à l'expiration de neuf années après la Révélation du Bayán. Puis proclame : Pour cela, béni soit Dieu, le Créateur parfait entre tous." Faisant allusion, dans un passage remarquable à l'an dix-neuf, Il a donné cet avertissement : "Soyez vigilants depuis la naissance de la Révélation jusqu'au nombre de Vàhid (19) et au commencement de l'année quatre-vingts (1280 après l'Hégire)." "S'Il devait apparaître en cet instant même", a-t-Il affirmé dans son ardeur à assurer que l'imminence de la Révélation promise ne devait pas écarter les hommes du Promis, "je serais le premier à l'adorer et à me prosterner devant Lui."[3]
Le Báb mit aussi le mot Bahá’ avec l'expression "Celui que Dieu rendra manifeste" : "Toute la splendeur (bahá’) du Bayán est "Celui que Dieu doit manifester", toute la miséricorde pour celui qui a cru à Lui, tout le châtiment pour celui qui n'y croit pas."[4]

Après l'exécution du Báb en 1850, plusieurs babis revendiquèrent être "Celui que Dieu rendra manifeste" sans réussir à convaincre la communauté babie et certains se rétractèrent ensuite, comme Nabíl-i-A’ẓam. Bahá'u'lláh (1817-1892, la "Gloire de Dieu") déclara avoir reçu la révélation qu'il était ce personnage dans la prison souterraine du Síyáh-Chál à Téhéran (Ṭihrán) en 1852 (1269 ap.H.), mais ce n'est qu'en 1863 (1279 ap.H.) qu'il en fit l'annonce publique à son entourage, juste avant de quitter Baghdád pour Constantinople. Sa revendication d'être "Celui que Dieu rendra manifeste" annoncé par le Báb entraîna un violent schisme au sein de la communauté babie. La grande majorité des babis le reconnut comme tel en se rappelant ses qualités évidentes et les annonces du Báb concernant les années 9 et 19 après la naissance du Babisme, alors que d'autres le rejetèrent en se référant aux dates Ghiyáth (1511) kaj Mustagháth (2001) citées par le Báb.
Son demi-frère Mírzá Yaḥyá Núrí (1831-1912), surnommé Ṣubḥ-i-Azal ("Matin d'éternité") et que le Báb avait désigné comme chef nominal des babis jusqu'à l'apparition de "Celui que Dieu rendra manifeste", se rebella contre Bahá'u'lláh et prit la tête des opposants, poussé par Siyyid Muḥammad-i-Iṣfáháni. Le "Plus Grande Séparation" entre Ṣubḥ-i-Azal et Bahá'u'lláh fut officialisée à Andrinople en septembre 1867 et peu de temps après Bahá'u'lláh rédigea son Kitáb-i-Badí' (le "Merveilleux Livre Nouveau") pour réfuter les arguments de ses opposants, qu'il nomma "le Peuple du Bayán" (Ahl-i-Bayán). La querelle dégénéra en un sanglant conflit entre "baha'is" et "azalis", ce qui amena finalement la Sublime Porte ottomane à les exiler séparément en 1868 à Saint-Jean-d'Acre (Israël) et à Famagouste (Chypre).
Bahá'u'lláh s'éteignit à Saint-Jean-d'Acre le 29 mai 1892 et la religion indépendante qu'il a fondé (la Foi bahá’íe) à partir du babisme s'est répandue et s'est organisée à travers le monde.
Ṣubḥ-i-Azal s'éteignit à Famagouste le 29 avril 1912 et sa communauté périclita au cours du XX° siècle, en ayant cependant joué un certain rôle dans la promulgation de la constitution perse de 1905. Il reste actuellement quelques milliers de babis sans véritable organisation, principalement en Iran et en Ouzbékistan.
Bibliographie[modifier]
- "Sélections des écrits du Báb", compilé par le département de la recherche de la Maison Universelle de Justice et édité par la Maison d’édition baha’ie (Bruxelles, 1984, 1ère édition), D/1547/1984/1
- "Dieu passe près de nous" (God passes by), écrit par Shoghi Effendi, publié par L’ASN des baha’is de France (Paris 1970)
- "La Révélation de Bahá'u'lláh", écrit par Adib Taherzadeh, édité en 4 volumes par la Maison d’éditions baha’ies. Tome 1 : Bagdad 1853-63, ISBN287203697 et Tome 2 : Andrinople 1863-68, ISBN 287203698
- "Dans la Gloire du Père" (Bahá'u'lláh, the King of Glory … une biographie de Bahá'u'lláh) écrit par H.M. Balyusi, édité par la Maison d’éditions baha’ies (Bruxelles 2005), ISBN 2872030689