Lidia Zamenhof
Lidia Zamenhof naquit en Pologne le 29 janvier 1904 et était la plus jeune fille du Dr. Ludwik Lejzer (francisé : Louis Lazare) Zamenhof (1859-1917), iniciateur de l' Espéranto.
"L'humanité entière doit s'unir en une seule famille" - voici la devise qui décrit le but que donna à sa vie le Docteur Zamenhof, et pour lequel il travailla sans cesse avec dévouement jusqu'à sa mort en 1917, alors que sa plus jeune fille, Lidia, n'avait que 13 ans. À cette époque, elle maîtrisait déjà parfaitement l'Espéranto et fit ses premiers essais de traduction du polonais en Espéranto. Elle était convaincue qu'elle devrait continuer le travail de son père mort prématurément, c'est à dire répandre la Langue Internationale et propager ses idées pacifiques et unificatrices.
En 1925, Lidia Zamenhof acheva ses études et obtint une Licence en Droit. Cela ne conduisit pas pourtant automatiquement à une quelconque profession, d'autant plus que Lidia était juive, et qu'un emploi d'État était pratiquement inaccessible aux juifs. Elle ne s'intéressait pas non plus aux tâches ménagères et ne ressentit jamais d'inclinaison au mariage. Elle n'apprit même jamais à cuisiner. Il était clair pour elle qu'elle dédirait sa vie d'une manière ou d'une autre aux idéaux de Zamenhof. Son foyer était l' Espéranto.
Durant le Congrès Universel de Genève (1925), les baha'is espérantistes tinrent des réunions spécialisées, auxquelles fut invitée Lidia. Elle ne désirait absolument pas y aller, mais y participa cependant finalement par courtoisie et fit la connaissance de Adelbert Mühlschlegel et de Martha Root. L'année suivante (1926), on inaugura enfin le monument de Zamenhof à Varsovie. Martha Root était présente comme représentante officielle de la Foi bahá’íe. Elle resta deux semaines à Varsovie et dormit dans la même chambre que Lidja. Elles devinrent de bonnes amies, bien que Lidia ne voulût accepter en aucune manière les convictions religieuses de Martha, et ce d'autant plus qu'elle se considérait athée. Pourtant, peu à peu, Lidia se convainquit de la véracité de la Foi baha'ie et l'épousa finalement.
Dans le cadre du Congrès Universel d'Anvers (1928), Lidia prit pour la première fois la parole en public à l'occasion de deux réunions baha'ies, ce qui étonna suffisamment les espérantistes, car elle était considérée comme une personne craintive et introvertie. Le reste de la famille Zamenhof ne s'opposa en aucune manière à la conversion de Lidia à la Foi baha'ie, mais ils ne la comprirent pas non plus. Lidia publia même en 1929 un article sur la Foi baha'ie dans une gazette juive en langue polonaise, et cela choqua la famille et beaucoup plus encore la communauté juive.
À cette époque, Lidia commença à traduire "Bahá'u'lláh et l'ère nouvelle" en Espéranto, assistée aussi en cela par Martha Root.
Lidja fit en 1930 le pèlerinage à Haïfa, lieu saint baha'i de Palestine, et rencontra Shoghi Effendi (1897-1957) qui dirigeait alors la Communauté Baha'ie. Elle décida d'apprendre la méthode Cseh pour enseigner l'Espéranto à l'étranger. Le mouvement espérantiste n'était plus cependant aussi favorable à Lidia que par le passé, en partie parce qu'on n'appréciait pas qu'un membre de la famille Zamenhof fasse l'apologie de la Cause Baha'ie, craignant que le public puisse penser que l'Espéranto était intimement lié à une quelconque croyance religieuse.
La Seconde Guerre mondiale explosa en septembre 1939 et Lidia connut le même sort que tous les juifs polonais. Elle fut obligée de vivre dans le ghetto de Varsovie, où elle donnait des leçons d'anglais pour subsister. Les espérantistes n'oublièrent pas Lidia et lui envoyèrent des colis. Un soldat allemand, qui était espérantiste, essaya même de l'aider en lui permettant de fuir, mais Lidia refusa.
Les nazis entamèrent en 1942 l'extermination à grande échelle des juifs de Varsovie, et "liquidèrent" définitivement le ghetto en avril 1943. On suppose que Lidia fut alors elle aussi déportée au camp d'extermination de Tréblinka et y fut tuée, comme plus d'un million de ses compagnons d'infortune, après l'été 1942.
Le message de Lidia Zamenhof fut celui de l'unité de l'humanité, de la fraternisation entre les hommes, de l'émancipation des femmes et de la lutte pour la paix mondiale. Tout cela était enraciné dans la philosophie ("Homaranismo") proclamée par son père et dans les enseignements de la Foi Baha'ie.
Bibliographie[modifier]
- "Lidja Zamenhof. Vivo kaj agado" de Isaj Dratwer, Stafeto Antverpeno - La Laguna, 1980.
- "The Life of Lidia Zamenhof" de Wendy Heller Lidia, George Ronald - Oxford, 1985.